Le Malem Hamid, c’est la mémoire vivante d’Essaouira. Il est tailleur de pierre. Je le trouve dans son « antre », son bureau, sa « caverne de 5m2 », le soir quand il a fini la tournée de ses chantiers.
Il y dessine ses plans, en préparant le thé, en écoutant la radio, au gré des visites des amis qui viennent discuter.
Assis dans son fauteuil de DS, attablé sur quelques pierres en équilibre, le sucre du thé suspendu au plafond à l’abri des fourmis, il me raconte les abords de la médina avant, la pêche dans le port, l’inauguration de sa sculpture par le responsable de la ville. Il me sert le thé, que je bois « à la française », c’est à dire beaucoup trop vite ! Et je lui montre mes dessins du jour, tandis qu’il cherche à retrouver dans quel coin de la médina je me suis perdue pour croquer ça. Il me raconte l’histoire de Shriff que j’ai croisé dans une rue et je lui parle de Madjid que j’ai regardé travaillér toute l’après midi.
C’est au milieu de ces pochoirs découpés dans des cartons de récupération et des petites sculptures de superbes calligraphies entassées exposées comme chaque petit trésor que j’ai voulu fabriquer un vitrail à partir d’un de ses bas-reliefs. C’est ensemble qu’on a conçu le dessin. Il a choisi la pierre qui supporterait cette finesse et je l’ai regardé tailler.
J’ai composé le reste autour, dans ce bleu de Mogador, avec en tête toutes ces histoires du petit port marocain à la magie incomparable.
Le panneau est monté dans une boite lumineuse pour pouvoir être présenté en intérieur mais en réalité, il prend toute sa dimension quand il placé est là où la lumière du soleil peut le traverser et ainsi diffuser toutes les subtilités de ces couleurs de verre.